L’Histoire de Sosaria

Avant de passer à l’histoire de Sosaria, qui allait plus tard devenir Britannia, j’aimerais éclaircir quelques choix que j’ai eu à faire au moment de la rédaction de ce parchemin. Sachez d’abord, que si les faits relatés ici débutent avec l’arrivée de Lord British en Britannia, c’est parce que j’ai moi même l’honneur de venir de cette planète si peu connue d’entre vous qu’on appelle la Terre. Je ne suis arrivée en Britannia qu’à l’aube du premier Age des Lumières, et par conséquent ne connaît les événement antérieurs que par les récits de Lord British lui même, ainsi que ceux de son historien Sergorn. Ces récits n’ayant jusqu’à présent été transmis que par le folklore et les légendes, vous comprendrez aisément qu’ils soient soumis à de nombreuses variantes et interprétations. Ceci étant établi, je vais m’aventurer dans cette difficile tache que constitue la transcription de l’histoire de Sosaria.

Lorsque le jeune homme qui allait devenir plus tard Lord British parvint pour la première fois en Sosaria, par la première porte de Lune connue, la première personne qu’il vit fût un bûcheron attelé à sa tache. Ce bûcheron, qui était en fait un ranger, se nommait Shamino. Peu de gens le savent, mais c’est à lui que le jeune homme dût son surnom de “British”, lorsqu’il apprit à Shamino qu’il venait de Cambridge, dans les îles britanniques. Shamino, qui n’avait jamais entendu parler d’un tel lieu, trouva cependant qu’il ferait un surnom tout à fait approprié pour son nouvel ami.

Shamino était alors le souverain d’un des quatre continents qui formait le monde de Sosaria. Son royaume était connu sous le nom de “Terres du Danger et du Désespoir”, l’un des continents les plus inhospitaliers du monde connu, et qui allait devenir, bien des siècles après, la fameuse Isle Serpent qui joua un rôle si important dans les plans du Gardien.

A ce propos, le moment me semble opportun pour clarifier un fait qui stimule encore les discussions de nombreux habitants de ces contrées, d’auberges en relais, de Yew jusqu’à Terfin. Beaucoup sont encore surpris de constater la longévité de notre bon Roi, Lord British. Il faut savoir que sur la planète dont nous venons tout deux, le temps s’écoule beaucoup plus lentement que sur Britannia. Ainsi, lorsqu’il s’écoule 200 ans sur Britannia, cela équivaut à peine à deux années terrestre. Ce qui explique le fait que Lord British n’ai pris qu’une trentaine d’année depuis son arrivée en Sosaria. Cela dit, au vu de la longévité exemplaire de certain des compagnons de l’Avatar, on peut suspecter que certains d’entre eux viennent de la Terre, voire même qu’ils aient été amenés par Lord British lui même. Ceci étant établi, refermons cette parenthèse.

A l’Aube du premier Age des Ténèbres, le jeune British -peut-être aidé en cela par son ami Shamino- gouvernait déjà l’un des continents de Sosaria, qui portait d’ailleurs son nom: les Terres de Lord British. Les deux continents restants étaient les suivants: Les Terres du Noir Inconnu et Les Terres des Rois Féodaux, dont le partage était encore alors sujet à de sanglantes querelles.

Toutes ces terres était encore bien plus dangereuses que tout ce à quoi a pût ressembler Britannia par la suite, car il n’existait alors nulle vertu pour guider la population. Les seules poches de civilisation étaient les quelques villes et places fortes disséminées sur chacun des continents, et s’aventurer hors de leurs murs signifiait une mort plus que certaine pour l’aventurier inexpérimenté.

Toutefois, les hordes de monstres parcourant les terres avaient au moins eut l’avantage de faire cesser les querelles entre les différents royaumes, avec l’obligation pour chacun de s’allier avec les autres pour ne pas être débordé par les légions de Mondain. Cela devait jouer un rôle déterminant sur la vision de chacun d’un royaume réunifié, et cela allait servir Lord British bien des années plus tard.

Curieusement, les cartes datant de l’assaut d’Exodus ne correspondent à rien de connu, même si Lord British a pût me certifier l’existence de quelques villes qui y apparaissait, et dont l’Avatar allait rapporter ce qu’elles étaient devenues, à son retour de l’Ile au Serpent. En effet apparaissaient sur ces cartes des communautés qui allaient quitter par la suite Sosaria à tout jamais, pour rejoindre l’Isle Serpent par le biais des Colonnes du même nom, comme l’a déjà conté Sergorn. Il y avait deux petites villes, divisées par un large fleuve, qui n’en formait en fait qu’une seule. Pour les désigner, on avait recours à leur location, à savoir Montor Ouest et Montor Est. Les habitants de ces deux villes, en prenant pied sur les anciennes terres de Shamino qui avaient alors déjà disparus depuis plusieurs siècles avec les deux autres continents ne laissant que celui dirigé par Lord British, devaient fonder Monitor, ville dédiée au principe absolu du Courage. Un group de mage d’une petite ville recluse, cachée par les lunes et les arbres de la Grande Forêt, Moon, allaient quand à eux bâtir une imposante cité qui allait devenir la cité des Mages, Moonshade. Enfin, les habitants de Fawn allaient former la ville de Fawn, dédiée à la Beauté et à l’artifice. C’est pourquoi on perd toute trace d’eux peu après la disparition d’Exodus, lorsque Lord British eu fini de rallier à lui les derniers royaumes et entreprit sa colossale entreprise: l’édification des huit temples de vertu et des trois chapelles dédiées aux principes. Ces dernières, dans une volonté symbolique, furent construites sur l’Isle du Feu, qui avait abrité l’imposante demeure d’Exodus, la créature ni homme ni machine. Hélas elles furent perdues quand l’isle sombra aussi mystérieusement qu’elle avait émergée, et ne devaient réapparaître que bien des siècles plus tard, tandis que la Confrérie accomplissait son sinistre travail sur les citoyens de Britannia.

Grâce à l’Oeuvre accomplie par Lord British, chaque ville avait désormais un but, une valeur, une vertu.

Yew, village éparpille au sein de la Forêt Profonde, demeure recluse des druides, devint le symbole de la justice en Britannia. Yew abrite encore aujourd’hui la Haute court de Justice, où sont jugés la plupart des criminels du Royaume.

Minoc, foyer des rétameurs et forgerons vouant leur vie à leur pénible tache, devint la ville du Sacrifice. Nul ne pouvait mieux symboliser le don de soi que ces artisans qui jamais ne s’accordaient une minute de repos.

Britain la Magnifique, reposant au pied des sécurisantes murailles du palais Royal, fut dédiée à la compassion. Choix sage en vérité, car le promeneur y sera charmé par l’hospitalité des habitants et enchanté par l’accueil des bardes et ménestrels que l’on croise par dizaine.

A l’écart sur son Île, Skara Brae s’attela à la recherche intérieure, à la spiritualité. Les rangers qui la peuplaient étaient les meilleurs exemples de ce qu’une étude avisée de soi même pouvait produire. Hélas, Skara Brae connut peu de temps après le Troisième Age des Lumière un terrible incendie qui ravagea ruelles et bâtiments, emportant dans ses flammes toute la population.

Moonglow la Lumineuse, trônant sur la bien nommée Isle de la Vérité, siège de la recherche magique, devint la ville-symbole de l’honnêteté, et les mages qui la peuplaient ne mirent jamais en défaut son titre.

Trinsic, qui derrière les austères murailles qui cernent la ville cachent l’une des vertus les plus chères aux chevaliers et paladins de toute contrées: l’honneur. De nombreux valeureux combattants y ont déjà dédié leur vie à une quête, chevaleresque ou spirituelle.

Jhelom, foyer des guerriers de toute sorte, bâtie de murailles, de tours et d’armureries, devint tout naturellement la cité de la valeur, et aucun de ses habitants ne fît jamais mentir ce titre.

Magincia l’Orgueilleuse, enfin, qui après être tombée sous le poids de sa fierté prit un nouvel essor et devint Nouvelle Magincia, la cité de l’humilité. On y rencontre encore beaucoup de paysans ayant dédiés leur vie à la terre, ainsi que des ermites férus de savoir qui ont décidé de consacrer leur vie à l’aide des autres.

Aujourd’hui, toutefois, et alors que j’écris ce parchemin dans ces heures sombres, le souvenir des vertus est lui-même presque effacé. Sa Seigneurie Lord British a été prise d’un malaise peu avant la première lune. Voyant le monde que j’ai adopté devenir la proie des sinistres projets du Gardien, j’ai décidé d’écrire ceci en toute hâte, afin de conserver, comme je l’ai déjà dit, une trace écrite de l’histoire de Britannia. Beaucoup de gens ne voient l’Avatar que comme une légende ayant maintenant perdue son sens, et voir les chapelles désacralisée n’a ému personne: elles étaient déjà en ruine depuis des siècles.

N’oublie jamais que l’Avatar a existé, et existe certainement encore, bien que l’on ait perdu sa trace peu avant l’arrivée du Gardien. N’oublie jamais que la vertu est peut-être la seule chose capable de faire des ruines qui constituent ces contrées de nouvelles villes.

Les rapports qui me sont parvenus par des éclaireurs à bout de force, et parfois mortellement blessés, sont confus et contradictoires. N’ayant moi-même pas eu l’occasion de quitter Britain depuis des années, c’est sans garantie aucune que je te les livres, Ô lecteur. N’oublie simplement pas que des hommes sont morts pour me les livrer.

Il semblerait que le Gardien, non content d’avoir déchiré la population, a de même infligé de graves blessures à la terre elle même. Quelques anciens marins m’ont confié ne plus faire que de courts trajets, pour éviter de voyager de nuit, non seulement parce que les monstres sont alors plus nombreux, mais surtout parce que la physionomie des cotes à profondément changée, et qu’ils en sont réduits à naviguer à vue. Un homme m’a assuré que Trinsic n’était plus sur le continent, que des témoins éberlués affirmaient l’avoir vue dériver vers le sud, un soir d’une violence indescriptible. J’ai beaucoup de mal à accorder foi à ses dires. Je ne peux qu’ésperer qu’il m’ai menti afin de ne pas atteindre le terme de son voyage. Malheureusement, je reçois en permanence quantité de récits comparables, tantôt sur Jhelom (qui se ferait à présent appeler Valoria) que sur Minoc. D’étranges colonnes ont jaillit des profondeurs des donjons qui sont plus actifs que jamais. Le pays est méconnaissable. Lord British essayait jusqu’à présent de maintenir un semblant d’ordre, mais il est en train, malgré tout son courage, de se laisser gagner par le désespoir. Bien qu’ici à Britain la situation ne paraisse pas aussi désespéré, je suis moi-même très inquiet. Puisse l’Avatar revenir: c’est le seul espoir auquel quelques rares personnes s’attachent.

Et toi, Ô lecteur, n’oublie jamais le récit de l’histoire de ces terres et de ces contrées, car j’ai bien peur que leur fin ne se dessine, quoiqu’il arrive. Mes pensées t’accompagne,

Elandryl