Arx Fatalis
Arx Fatalis est un CRPG sorti en 2002 et développé par une jeune équipe française du nom d’Arkane Studios. En tant que grands fans de la série, l’équipe de développement s’est ouvertement inspirée d’Ultima Underworld et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est une réussite ! Pour un peu on pourrait presque dire que cet Arx Fatalis est en fait Underworld III – le “Ultima” en moins. (L’équipe de développement avait d’ailleurs chercher sans succès à obtenir les droits auprès d’EA afin de faire un véritable Ultima Underworld III).
Arx Fatalis nous emmène donc dans le monde d’Arx. Après qu’un gigantesque météore ait percuté la planète, le soleil a progressivement disparu et le froid ambiant a rapidement rendu la vie à la surface impossible. C’est pour cela que par le fruit d’une alliance temporaire, toutes les races du monde d’Arx se sont unies pour établir leur civilisation au plus profond de la terre, protégées du climat glacial de la surface. On incarne un personnage du nom d’Am Shagar, qui après avoir perdu la mémoire va redécouvrir ce monde souterrain et rapidement réaliser qu’une menace pèse sur Arx tout entier.
Graphiquement le jeu est de toute beauté. Les environnements sont très réussis – le tout possède une ambiance assez sombre (cela se passe sous terre après tout), mais avec de très beaux effets de lumière. Sur le plan sonore c’est très impressionnant (et ce tout particulièrement en EAX), il y beaucoup de bruitages différents et variés pour accroître l’atmosphère, avec nombre de petit détails sympathiques (par exemple mettez une cotte de mailles et vous entendrez le cliquetis du métal quand vous marcherez !). On notera d’ailleurs qu’il n’y a presque pas de musique dans le jeu – tout est fait pour travailler l’ambiance : et ça marche ! Seul petit reproche sur le plan sonore : il y a peut-être un peu trop d’écho dans les voix – mais cela ne gène pas outre mesure. En parlant des voix ; il n’y a rien de bien exceptionnel mais le doublage français est de bonne facture. Quoi qu’il en soit, le moins que l’on puisse dire est que l’ambiance d’Arx Fatalis est tout simplement superbe, et que l’immersion est sans faille. Détail amusant au passage : quand on regarde en bas, on voit les jambes de son personnage – fait suffisamment rare dans un jeu en vue subjective pour être signalé.
Dés le début du jeu on peut voir que les développeurs sont de grand fans d’Ultima Underworld. L’univers du jeu (même si le contexte est très différent) rappelle irrésistiblement l’Abysse du premier Ultima Underworld (une sorte de grand donjon de huit niveaux où coexistent tant bien que mal de nombreuses races et cultures différentes…) sans parler de nombreux petits détails au fil de l’aventure qui apparaissent immédiatement comme de sympathiques clins d’oeil aux jeux de Looking Glass Studios.
L’interface quand à elle rappelle celle d’Ultima IX – avec un mode mouselook pour le déplacement et un mode “main” pour interagir avec les objets – et on passe très facilement de l’un à l’autre (et comme dans Ultima IX, il est bien sûr possible d’interagir avec les objets en mode mouselook, aussi le mode “main” ne sert-il vraiment que pour fouiller dans votre inventaire). Seule différence fondamentale : cela fonctionne avec des clics doubles contrairement à Ultima IX qui utilisait des clics simples.
Pour ce qui est du combat ça fonctionne exactement comme Ultima Underworld ! Il suffit donc de rester appuyer sur le bouton de la souris et plus on reste appuyé longtemps, plus le coup porté sera puissant – et comme dans les Underworld il y a une “gemme” qui vous indique la puissance de votre attaque. La différence à ce niveau c’est que le type d’attaque se sélectionne en choisissant une direction avec les flèches du clavier, et non en cliquant sur un lieu spécifique de l’écran. Le système de combat est donc efficace, et tout comme celui de son aîné : particulièrement fun.
La magie quand à elle utilise un principe identique à Ultima Underworld. Il y a plusieurs de niveaux de sorts (ainsi que des sortilèges cachés non présents dans le manuel) et il faut trouver des runes au fil du jeu et les combiner pour lancer un sort. La différence c’est que plutôt que de cliquer dessus, le jeu utilise un système de gestes (similaire à Black&White) pour lancer un sort ; bref il faut reproduire le symbole des runes avec votre souris – ce qui est très sympathique vu que ça donne l’impression de vraiment lancer un sort, même si cela nécessite une certaine dextérité.
Le jeu dispose également d’une automap. Si cela est toujours utile, elle n’est visible que dans le journal et s’il est possible de bouger avec : on ne voit rien. On se dit qu’une mini carte dans un coin de l’écran aurait été plus pratique. De même le journal n’est pas très clair dans la façon dont il met toutes les quêtes à la suite, et il est difficile de s’y retrouver.
La développement des personnages est efficace, avec quatre caractéristiques et neuf compétences. On crée son personnage on répartissant des points ; et on en gagne à chaque niveau. Cela fonctionne avec le bon vieux système de points d’expériences, mais on les obtient aussi bien en combattant des monstres qu’en réalisant des quêtes.
L’inventaire quand à lui fonctionne à base de slot ; assez limité au début, on obtient néanmoins de la place supplémentaire au fil du jeu. Pas de limite de poids, mais certains objets peuvent prendre plusieurs emplacements dans votre sac ; les objets d’un même type (comme les potions) peuvent heureusement être stockés ensembles afin d’économiser de la place.
Le dernier aspect dans lequel le jeu excelle est tout simplement son interactivité. Pour être clair : on a rarement vu ces dernières années une interactivité aussi poussée à part dans l’excellent Gothic. On peut crocheter des serrures, réparer des objets, bouger tout plein de choses, obtenir des herbes et en faire des potions dans un laboratoire, récupérer la viande d’une créature morte et la faire cuir (car il faut également manger), et on peut même faire du pain ! Et cette interactivité, en plus d’accroître le réalisme du jeu, peut avoir une réelle utilité (par exemple une certaine quête au début du jeu implique la cuisine…).
Si le jeu peut paraître assez linéaire au premier abord, il offre néanmoins tout comme Underworld diverses possibilités pour avancer et il est tout à fait possible d’avoir deux expériences totalement différentes en jouant à Arx Fatalis (par exemple on peut décider d’être plutôt subtil ou bien de tout simplement foncer dans le tas – caractéristique commune à Ultima Underworld).
Le scénario, s’il reste relativement classique (et rappelle beaucoup lui aussi le premier épisode d’Underworld), est malgré tout réussi et intéressant en dépit d’une fin un peu trop rapide. Finalement la seule chose regrettable à ce niveau vient des dialogues non interactifs. Cela fonctionne bien, mais on aurait vraiment aimé avoir la profondeur de dialogue d’un Underworld… Dommage, mais ne boudons pas notre plaisir car cela ne nuit pas au plaisir du jeu.
Quoi qu’il en soit Arx Fatalis est un excellent jeu, doté d’une très bonne ambiance, d’une immersion sans faille et d’un gameplay solide en plus d’être un grand hommage à Ultima Underworld. L’aventure est passionnante de bout en bout, et c’est sans nul doute l’un des meilleurs CRPGs de ces dernières années ; indispensable à tout les fans d’Ultima Underworld dont Arx est le digne héritier.
Arx Fatalis 2
Officieusement annoncé peu après la sortie du premier épisode, on sait que Arkane avait commencé à développer un prototype d’Arx Fatalis 2 basé sur la Source Engine de Valve (créée à l’origine pour Half-Life 2).
On sait très peu de choses sur ce qu’aurait exactement dû contenir ce deuxième volet, mais selon les rumeurs émise à la sortie du premier épisode, il se serait situé avant le premier volet, quand le peuple d’Arx vivait encore à la surface du monde. A priori cet épisode aurait aussi dû corriger le plus gros défaut du premier opus : les dialogues auraient été intéractifs, offrant des choix multiples comme dans Ultima Underworld ou Deus Ex.
Néanmoins, alors qu’ils présentaient leur prototype à divers éditeurs, Arkane fut remarqué par Ubi Soft et ces derniers leur proposèrent de travailler sur la célèbre licence Might & Magic. Arx Fatalis 2 fut donc mis au placard et le peu de travail ayant été effectué dessus fut converti pour servir de base de l”excellent Dark Messiah of Might & Magic.
Depuis Arkane à enchainé avec le développement du FPS The Crossing (aujourd’hui annulé) avant d’apporter son aide à celui de Bioshock 2. Le Studio a par la suite été racheté par Zenimax/Bethesda et travaille d’arrache-pied sur son nouveau titre appelé Dishonered, ce qui fait qu’il est à l’heure actuelle impossible à dire quand – ou si – un Arx Fatalis 2 verra le jour.